Les voilières

Cristel Poracchia, 35 ans, mène d'une main de maître ciseaux, cutters, aiguilles et ... entreprise de voilerie. Passionnée par son métier, elle co-gère avec Hélène Crespin, 32 ans, "l'Atelier des Voiles", voilerie qu'elles viennent de créer sur le Port Autonome de Marseille, à l'étage du chantier naval "Marenostra". Cristel travaille depuis cinq ans dans ce milieu plutôt masculin mais qui se féminise doucement. Le travail consiste à la fabrication et à la rénovation des voiles, mais également à travailler sur des éléments de sellerie (housse de voile, matelas, tauds). La plupart des voiles sont destinées à des bateaux de croisière ou des embarcations méditerranéennes, type pointu et catalane. Le processus de fabrication se fait entièrement à la main, quelle que soit la taille de la voile.

Avant d'être voilière, Cristel a travaillé pendant six ans dans le domaine de la confection en tant que responsable commerciale. Elle devient maman et décide de changer d'orientation tout en demeurant assez proche de ce domaine d'activité. Elle opte pour la conception. En 1999, elle part suivre une formation de voilier en Bretagne. L'organisme qui l'accueille, Les Ateliers de l'Enfer, forme aussi bien des voiliers que des charpentiers de marine traditionnelle. Forte de son Certificat de Qualification Professionnelle "Voilier", elle est embauchée dans la voilerie Solatges à Marseille, où elle fait la connaissance d'Hélène.

Le métier est difficile pour les jambes car on est souvent installé à genoux. Cristel et Hélène en font les frais... Elles sont licenciées en 2005 pour cause d'inaptitude physique. De là à créer une voilerie adaptée à la contrainte que leur imposent leurs genoux abîmés, il n'y a qu'un ... plancher adapté financé par l'AGEFIPH et la volonté de continuer dans la profession malgré ce handicap. Si on veut préserver notre santé, il nous est désormais interdit de nous agenouiller ou de nous accroupir pour fabriquer les voiles. Elles ont donc conçu un plancher en hauteur pour pouvoir travailler assises. Mais les difficultés peuvent ne pas venir que de ces contraintes physiques. Le métier est très masculin et il peut être difficile de se faire une place au soleil, même sur la Côte d'Azur... Les deux voilières espèrent que leur savoir-faire et le bouche à oreille feront la renommée de leur "Atelier des voiles".

Ancrages, juin 2006, page 5

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